Diversification d’un investissement action : approche géographique

Introduction

La réglementation AGIRC-ARCCO permet d’investir jusqu’à 10% de ses actifs dans les actions ou parts d’OPCVM actions hors zone Euro, soit jusqu’à 25% de sa poche actions. Nous allons démontrer l’intérêt d’exploiter cette marge de manœuvre, notamment sur les pays émergents.

La pertinence de la diversification au sein d’un portefeuille d’actifs est formalisée dès 1952 par Markowitz qui impose peu à peu l’idée qu’une décision d’investissement doit venir d’un juste équilibre entre les rendements et les risques des produits d’investissement et que la diversification permet de maîtriser le risque global de son portefeuille.

Précisément, la diversification recherche l’association d’investissements dans des marchés financiers dont les variations sont peu corrélées. A titre d’information, il ne faut pas les confondre avec des investissements de couverture qui sont inclus dans un portefeuille pour compenser un comportement défavorable anticipé, et dont l’utilisation est en général restreinte dans le temps. Notons d’ailleurs qu’un même actif peut jouer l’un ou l’autre de ces rôles en fonction de la durée pendant laquelle il sera détenu en portefeuille.

Deux types élémentaires de diversification coexistent : la diversification temporelle (qui exploite l’idée que l’incertitude à long terme sur le niveau de rentabilité attendu est plus faible qu’à court terme) et la diversification géographique. Cette dernière se caractérise par :

–  un accès à des profils d’entreprises différents, donc à des couples rendement/risque nouveaux,

–  des indices de référence qui ont une diversification sectorielle différente des indices domestiques,

–  des cycles économiques non synchronisés qui peuvent rendre attrayants (ou non, selon les périodes de temps) les marchés non domestiques.

 

Quelles zones géographiques privilégier ?

Afin de positionner les différents marchés actions hors zone Euro, nous déterminons les corrélations entre actions euros et plusieurs grands marchés développés ou émergents. L’exposition éventuelle à la devise n’est pas prise en compte (données en devises locales).

Corrélations des actions de la zone Euro avec quelques grands marchés (devise locale)

10 ans

7 ans

5 ans

3 ans

2 ans

Etats-Unis

0,86

0,90

0,91

0,94

0,94

Japon

0,59

0,68

0,76

0,77

0,78

Royaume-Uni

0,88

0,90

0,93

0,93

0,94

Global développés

0,93

0,95

0,96

0,97

0,97

Chine

0,48

0,60

0,66

0,68

0,72

Inde

0,59

0,68

0,80

0,79

0,83

Brésil

0,70

0,62

0,72

0,80

0,80

Global Emergents

0,77

0,79

0,82

0,83

0,86

On constate que les niveaux de corrélation ne sont pas stables selon la durée examinée mais, qu’en revanche, la hiérarchie l’est à peu près. La dernière colonne montre aussi une baisse de l’effet de diversification (remontée des corrélations) sur une période de marché globalement baissière. Excepté le Japon, les marchés développés n’apportent que très peu de diversification sur les périodes étudiées (ils gardent toutefois un intérêt sur des horizons courts, l’accélération de ces économies étant plus importante qu’en zone Euro aujourd’hui). Synthétiquement, ce tableau indique que la diversification est à chercher principalement du côté des pays émergents (ou du Japon).

Quelle amélioration du couple rendement/risque espérer ?

Le tableau ci-dessous précise, sur les mêmes périodes, les couples performance / volatilité de différents portefeuilles composés à 75% d’actions de la zone Euro et à 25% d’une poche actions hors euro (25% Etats-Unis, puis 25% Japon, …, en re-balancement mensuel).

10 ans

7 ans

5 ans

3 ans

2 ans

Perf.*

Vol**

Perf.*

Vol**

Perf.*

Vol**

Perf.*

Vol**

Perf.*

Vol**

Etats-Unis

-24%

19%

16%

17%

-2%

18%

-31%

21%

-39%

25%

Japon

-28%

18%

14%

17%

-4%

18%

-35%

21%

-42%

25%

Royaume-Uni

-23%

19%

18%

17%

2%

17%

-29%

21%

-37%

24%

Global Développés

-24%

19%

18%

17%

-1%

18%

-31%

21%

-39%

25%

Chine

-1%

20%

69%

19%

31%

20%

-15%

24%

-39%

28%

Inde

17%

20%

75%

19%

31%

21%

-21%

24%

-36%

28%

Brésil

28%

21%

80%

18%

29%

19%

-16%

22%

-33%

26%

Global Emergents

1%

19%

45%

18%

17%

19%

-23%

22%

-37%

26%

100% EMU

-25%

20%

16%

18%

-1%

19%

-33%

22%

-41%

26%

* Performances non annualisées sur la période
** Volatilités annualisées sur la période

A partir de ces exemples, quelques constats peuvent être faits :

–  L’introduction de pays émergents ne modifie pas le profil de risque mesuré par la volatilité quel que soit l’intervalle de temps considéré. En revanche, les écarts de performance en faveur des portefeuilles dotés d’actions émergentes sont assez larges (jusqu’à +64% dans ce tableau).

–  Même sur les deux dernières années, posséder des pays émergents dans ces proportions n’a pas augmenté le risque global.

–  L’introduction d’actions de pays développés n’apporte que peu de diversification et n’améliore pas sensiblement la performance. Les actions japonaises apportent bien une réduction du risque mais la médiocre évolution de son économie a généré les moins bonnes performances.

Si nous dressons ce même tableau avec une poche de diversification réduite à 10% (soit 4% du portefeuille global), on s’aperçoit que la volatilité est stable (des écarts de +/- 1%) tant pour les marchés émergents que les pays développés. En revanche, les écarts de performance, stable pour les actions des pays développés – écarts de +/-1 % également – augmentent considérablement pour les actions des pays émergents, de 2,75% à 2 ans jusqu’à plus de 20% à 7 ou 10 ans.

Ainsi le passage de 10% à 25% de pays émergents sur la base de ces calculs ne modifie pas le profil de risque tout en offrant des gains de performance conséquents. Ce résultat confirme l’intérêt d’une diversification de long terme à l’aide d’actions des pays émergents (ce, quelque soit le poids qu’on lui consacre dans l’allocation globale).

Conclusion

La diversification géographique est une composante essentielle dans la construction d’un portefeuille avec un double objectif de répartir les risques et d’augmenter les opportunités de performances.

Les pays émergents apportent aujourd’hui une espérance de rentabilité forte en compensation d’un risque marginal plus élevé. Toutefois, le risque global d’une poche actions bien diversifiée est stable comparé à celui d’une poche 100% actions Euro et nos résultats témoignent de l’intérêt de renforcer au maximum le poids des pays émergents dans les limites d’investissement accordées par la réglementation.

D’autres types d’investissement actions sont à envisager dans le cadre de la diversification : une approche sectorielle globale ou thématique, mais aussi le choix de couvrir ou non l’exposition aux devises sous-jacentes. Ces points seront abordés dans de prochains articles.

Étude réalisée en novembre 2009

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