Diversification d’un investissement action : approche thématique

Étude réalisée en janvier 2009

Introduction

Suite à notre précédent article s’intéressant aux choix géographiques d’un investissement en actions dans les limites de la réglementation AGIRC-ARCCO, nous poursuivons notre examen des sources potentielles de diversification. Rappelons que le cadre examiné permet d’investir 10% d’un portefeuille global en actions hors de l’Union Economique et Monétaire, cette poche représentant jusqu’à 25% de la part totale investie en actions.

Nous nous intéressons ici à l’approche thématique de la diversification internationale. En effet, si la diversification de zones géographiques avec la zone Euro provient en partie de la désynchronisation des cycles économiques de chaque zone, la structure sectorielle du marché dans lequel on investit peut avoir son importance. La poche de diversification internationale pourra donc s’utiliser par exemple afin d’ajuster une exposition sectorielle (énergie, finance, santé…) en profitant d’un univers d’investissement élargi Celui-ci se limite dans nos exemples au monde développé selon la classification MSCI.

 

Diversification internationale : connaître les secteurs d’investissement prépondérants

Investir dans une zone géographique revient généralement à choisir un indice représentatif, par exemple le MSCI EMU dans notre contexte. Si l’on regarde une découpe sectorielle de cet indice (cf. tableau n°1, au 21 décembre 2009), on constate que le secteur finance est fortement surpondéré (plus d’un quart de l’investissement) alors que les secteurs santé ou technologie de l’information sont peu représentés. Il s’ensuit des positions sectorielles marquées, non nécessairement choisies.

tableau n°1 : MSCI EMU

(21/12/2009)

Secteur

Poids

Finance

26,2%

Industrie

10,5%

Services Publics

10,0%

Conso. discrétionnaire

9,1%

Biens Cons. de base

8,7%

Télécommunications

8,5%

Matériaux

8,3%

Energie

8,2%

Santé

6,1%

Techno. de l’information

4,2%

tableau n° 2 : S&P500 (21/12/2009)

Secteur

Poids

Techno. de l’information

19,6%

Finance

14,5%

Santé

12,7%

Energie

11,5%

Biens Cons. de base

11,3%

Industrie

10,3%

Conso. discrétionnaire

9,2%

Services Publics

3,8%

Matériaux

3,5%

Télécommunications

3,1%

Non Affecté

0,5%

La même décomposition pour le S&P 500 (cf. tableau n°2) révèle des similitudes (faible poids des matériaux et télécommunications) et des divergences : rééquilibrage du secteur financier en faveur de la santé ou des technologies de l’information.

Diversification internationale : diversifier les secteurs d’investissement

Prenant conscience de ces biais implicites, on pourra profiter de la poche de diversification pour rééquilibrer les secteurs, voire prendre des positions marquées sur certains d’entre eux. Pour cela, il est plus simple d’utiliser des indices (ou des fonds) spécialisés sur ces secteurs. Nous travaillons toujours en devises locales pour éliminer l’effet change de notre analyse.

Par exemple, le secteur de la santé monde développé (120 valeurs contre 15 valeurs seulement pour le secteur EMU, classification MSCI, graphique ci-dessous) offre une diversification intéressante avec le MSCI EMU (corrélation de 0.45 sur 10 ans, 0.73 sur 2 ans).

MSCI et secteur santé bloomberg janvier 2009

Source Bloomberg

Ceci est confirmé par les résultats du tableau n°3 ci-dessous lorsque l’on introduit le secteur santé à 10% (le poids de ce secteur dans le portefeuille global évolue alors entre 14% et 17%) comparé à un portefeuille 100% MSCI EMU.

Tableau n°3 [1]

10 ans

7 ans

5 ans

3 ans

2 ans

 

Perf.*

Vol.**

Perf.*

Vol.**

Perf.*

Vol.**

Perf.*

Vol.**

Perf.*

Vol.**

Santé (+10%)

-26,2%

18,6%

11,4%

17,0%

-0,5%

17,6%

-29,8%

21,0%

-35,9%

24,6%

100% EMU

-29,5%

20,0%

10,4%

18,0%

-1,8%

18,6%

-31,8%

22,1%

-38,0%

25,9%

  *Performances non annualisées sur la période  
  **Volatilités annualisées sur la période  

En allant un peu plus loin, supposons que nous tentons de rééquilibrer les secteurs de notre portefeuille 100% EMU. A l’aide d’indices sectoriels monde (développé), nous pouvons à la fois bénéficier de la diversification géographique et thématique. Dans notre cadre, nous investissons 75% dans l’indice MSCI EMU puis nous équilibrons tant que possible les secteurs avec les 25% restants. A cause de son poids prépondérant, et puisque l’on suppose que l’on ne peut pas vendre l’indice sectoriel finance monde, on obtient par exemple les expositions suivantes au 31/12/2008 :

Secteurs

100% EMU

75% EMU


25% secteurs monde

Portefeuille final(exposition sectorielle)

Finance

23,2%

17,4%

 

17,4%

Services Publics

12,0%

9,0%

0,2%

9.2%

Industrie

10,6%

7,9%

1,3%

9.2%

Conso. discrétionnaire

10,5%

7,9%

1,3%

9.2%

Télécommunications

10,1%

7,5%

1,6%

9.2%

Energie

8,6%

6,4%

2,7%

9.2%

Biens Cons. de base

7,7%

5,7%

3,4%

9.2%

Matériaux

6,8%

5,1%

4,0%

9.2%

Santé

5,8%

4,4%

4,8%

9.2%

Techno. de l’information

4,8%

3,6%

5,6%

9.2%

Les résultats d’un tel investissement (rebalancement annuel) sont résumés dans le tableau n°4 ci-dessous :

Tableau n°4

75% EMU & 25% Sect. Monde

100% EMU

 

Perf.*

Vol.**

Perf.*

Vol.**

2003

17,7%

17,4%

16,4%

19,8%

2004

9,8%

7,4%

10,1%

8,1%

2005

20,3%

10,0%

22,4%

10,9%

2006

17,6%

8,7%

19,0%

9,5%

2007

6,9%

8,8%

5,3%

9,3%

2008

-43,2%

22,2%

-46,6%

23,2%

2009 (30-nov.)

18,2%

22,0%

16,6%

24,6%

Total

31,2%

16,2%

22,4%

17,7%

Le rebalancement annuel suppose qu’il n’y a aucun acte de gestion autre que l’ajustement sectoriel chaque 31 décembre. Ces nombres amènent quelques commentaires. Tout d’abord, la diminution du risque est effective chaque année. C’est bien l’effet attendu par la diversification. Ensuite, rééquilibrer les secteurs a pu diluer quelques années la performance (car le secteur financier a été alors très rentable) mais au global, sur la période étudiée qui ne contient qu’une forte baisse des marchés, le gain en performance est près de 40% supérieur au portefeuille 100% EMU.

Conclusion

La diversification géographique correspond à une manière de diviser l’économie et nous avons vu (cf. « diversification d’un investissement action : approche géographique » du même auteur) l’intérêt d’introduire une part d’actions émergentes dans le portefeuille.

Si l’investisseur souhaite cependant éviter d’investir dans ce type d’actif et restreindre son univers aux pays développés, nous proposons ici d’avoir une autre approche du portefeuille, en considérant sa composition sectorielle afin de trouver un nouvel axe de diversification.

Prenant en référence l’indice MSCI EMU, la prépondérance de certains secteurs (notamment financier) doit alerter quant à la concentration implicite du benchmark[2]. Nos illustrations ont montré l’intérêt (historique sur nos exemples) de diversifier les thèmes présents en portefeuille. En pratique, il existe des OPCVM spécialisés sur un domaine ou d’autres qui équipondèrent les investissements sectoriels.

Ceci nous amène à la question du choix d’un benchmark actions pour un investisseur institutionnel. Il nous semble important en effet de déterminer le juste point neutre en termes d’exposition géographique, mais aussi sectorielle et aux devises en faisant (relativement) abstraction des effets de mode dans le choix d’un indice de référence. Tout investissement doit,  à notre avis, relever d’un choix de gestion et ne jamais résulter d’une position subie (du moins sans en être totalement conscient).

Nous compléterons prochainement ces points sur la diversification en nous intéressant aux devises.


[1] 10 ans : du 30/11/1999 au 30/11/2009, 7 ans : du 30/11/2002 au 30/11/2009 etc.

[2] Plus finement un assureur pourra vouloir réduire son exposition au sous-secteur assurance au sein de ses actifs, car il est structurellement exposé à ce sous-secteur. Aujourd’hui, l’assurance représente près de 6% de l’indice MSCI EMU.

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