« Due Dilligence Express »

Ou comment détecter des processus d’investissement bancals à partir de mots indicateurs.

Non, il ne s’agit pas d’un billet explorant les tréfonds du big data mais simplement de fournir quelques indices qui permettront d’écarter des processus d’investissement mal bâtis, mal aboutis ou peu transparents. Pour cela, nul besoin d’attendre la réponse à un questionnaire Q&A car la communication de l’entreprise est suffisamment révélatrice.
Bien sûr, ce petit test ne garantit pas que certaines gestions mal assurées ne passeront pas les mailles du filet, mais il permet d’alléger le travail de sélection à travers une offre toujours plus vaste.

Dans le tableau ci-dessous (que nous complèterons à l’avenir), nous donnons quelques indicateurs pour identifier les processus de gestion les plus sérieux a priori. Ils doivent en effet éviter d’utiliser les arguments de la colonne de gauche du tableau ci-dessous. Et si en plus, ils reprennent certains éléments de la colonne de droite, votre indice de confiance ne pourra qu’augmenter !

A éviter

Recommandés
Régression, bêta Espérance conditionnelle
Corrélation Loi jointe
Mesure du risque passé Budget de risque accordé sur la période
Anticipations de performance Anticipations de perte, achat de protection
Distribution paramétrique, loi normale Données réelles
Optimisation de portefeuille Robustesse, exposition positive aux krachs
Surperformance Performance absolue
Econométrie Probabilités

Bien sûr, certains éléments de la colonne de gauche sont utilisés par les régulateurs et obligent les gérants à les afficher, dans les rapports de gestion par exemple. De cela, il ne faut pas en tenir rigueur à votre prestataire en investissement qui ne peut que subir la norme réglementaire.

Quelques explications :

  • Régression, bêta : font référence à 2 modèles, celui de Sharpe et du CAPM dont les hypothèses sont irréalistes en finance. L’espérance conditionnelle est la méthode générale dont le modèle de régression est un cas bien trop particulier pour le contexte financier.
  • Corrélation : de même, mesure bien trop instable pour être utilisée quantitativement. A la rigueur, la hiérarchisation des corrélations, si elle est stable peut être exploitée. La corrélation est trop souvent utilisée pour résumer la relation entre les actifs. Mais cette information ne caractérise que la relation linéaire entre deux actifs. Il est préférable d’identifier la loi de distribution jointe pour représenter les relations entre actifs financiers.
  • Mesure du risque passé : le risque réalisé n’apporte aucune information pertinente si on n’a pas d’information sur le contexte d’investissement, dont par exemple la prise de risque autorisée. De même, le ratio de Sharpe est souvent affiché afin de comparer la rentabilisation du risque pris. Or si le risque pris ne respecte pas l’enveloppe allouée, on peut imaginer que le gérant a manqué des opportunités.
  • Anticipations de performance : autrement dit utilisation d’une boule de cristal, ce qui revient à jouer au casino avec l’argent des investisseurs. En investissement, il vaut mieux se préparer au pire et sécuriser autant que possible le capital confié.
  • Loi paramétrique comme la loi normale : aucune application possible pour investir sur les marchés financiers. Ceci est connu depuis longtemps, et pourtant… Toute l’information disponible est accessible, pas besoin d’artefacts.
  • Optimisation de portefeuille : toujours très ancrée dans les esprits (et les formations en finance !) alors que les solutions obtenues sont irréalistes. Pour preuve d’ailleurs qu’à ces programmes d’optimisation on y rajoute des contraintes externes afin de les « rendre utiles » et conformes à la réglementation (règle des 5/10/20/40,…).
  • Surperformance : ce n’est qu’un argumentaire marketing et/ou de tarification du monde de la gestion d’actifs, mais difficile d’avoir de la surperformance à dépenser dans la poche, surtout lorsque la performance est négative.
  • Econométrie : ces techniques ont-elles-mêmes prouvées leur incapacité en finance. Les modèles AR ou MA ne suffisant pas, on est passé aux ARMA, ARCH, APARCH, GARCH, AGARCH, EGARCH, TGARCH, QGARCH, et aussi aux ARCH-M, IGARCH, NARCH, et encore TAR, SETAR, STAR, LSTAR, ESTAR, MRSTAR, EXPAR, EXPARMA, sans oublier les ARIMA, ARFIMA, SARMA, SARIMA, GARMA, SARFIMA, ah oui on a failli passer à côté des FIGARCH, FIEGARCH, GAAARCH, GARMA, SETARMA, TARSO, VAR, VARMA, VECM, et enfin tous ceux qui ont été créés entre le moment de la rédaction de ce billet et votre lecture.

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