Assurances : maitriser le hasard lié aux phénomènes réels, mais pas seulement
1 mars 2017 Laisser un commentaire
Un zeste d’histoire
Dès l’antiquité, on trouve des traces d’assistance mutuelle : chacun apporte une petite somme au sein d’une association pour porter secours ou soutenir lors de la réalisation de certains événements. Mais c’est avec le développement du transport maritime que se met en place les prêts à la grosse aventure d’abord chez les Grecs et les Romains, plus généralement à partir du 12ème siècle, transformé ensuite, après un interdit papal, en garantie sur la valeur d’un navire et de sa marchandise apportée en échange du versement préalable d’une somme plus petite. De cette époque nous reste les termes police, qui signifie alors preuve (de l’existence du contrat), assurance qui vient de l’assurete c’est-à-dire la garantie, et prime, la somme payée en avance étant dénommée praemium.
Côté assurance vie, c’est à Londres en 1762 que s’installe la première société d’assurance vie fondée sur les tables de mortalité, The Equitable Life Assurance Society. Ce développement est possible grâce aux travaux de Blaise Pascal et sa géométrie du hasard en 1654, puis de l’astronome Halley sur les premières tables de mortalité en 1693 alors qu’en Italie, les premières tontines voient le jour en 1652.
De ces pratiques, il a été vite compris qu’un assureur doit préférer un grand nombre de risques de peu d’importance à un petit nombre de gros risques. Il se trouve dans le cas d’un jeu de durée non finie contre un partenaire beaucoup plus riche (l’ensemble de ces assurés), ce qui implique pour éviter sa ruine (certaine) que le jeu ne soit pas équitable, donc que la prime soit majorée. C’est la même chose pour les casinos et la française des jeux, mais ceux-là vendent de l’espoir en suggérant un risque factice, les assureurs vendent de la sécurité contre un risque effectif du monde réel.
L’utilité sociale de l’assurance
Car l’assurance s’occupe de phénomènes réels. Et ceux-ci sont souvent accompagnés d’une composante humaine. Prenons un exemple socialement délicat. Aujourd’hui, de nombreuses habitations sont situées en zone inondable. Il n’y a pas d’aléa : la zone sera inondée un jour ou l’autre. Selon la théorie assurantielle, ces habitations ne peuvent donc bénéficier d’une garantie classique contre les inondations car seuls les événements incertains sont assurables. (en revanche, il existe un aléa concernant la date de survenance du sinistre, comparable à l’assurance vie où le décès est certain, mais son apparition inconnue). C’est pourquoi l’assurance va au-delà des principes probabilistes par une gestion sociale de certains risques en organisant des fonds de garantie alimentés de manière forfaitaire, c’est-à-dire sans lien (puisque prélevé sur un ensemble de contrats, tous risques confondus) dans le cas des inondations, avec la topographie du lieu pouvant bénéficier de la garantie.