Capter et stocker le carbone, vraiment ?
31 mars 2022 Laisser un commentaire
2500 centrales thermiques sont en fonctionnement aujourd’hui dans le monde. Au charbon ou au gaz naturel, elles sont pour beaucoup de pays un gage de sécurité énergétique afin de satisfaire à la fois des besoins domestiques, économiques ou industriels par la production de chaleur et d’électricité. Il faudra donc plusieurs dizaines d’années afin que la transition énergétique n’en soit plus une. Il faut également patienter pour que l’hydrogène deviennent « vert » (c’est-à-dire dont la production n’est pas obtenue à partir d’énergie fossile, souvent du gaz, on le qualifie alors d’hydrogène « gris »). D’ici là, que fait-on ? Car l’effet de serre n’attend pas nous dit-on.
La modération de la consommation n’est réaliste qu’à l’échelle des particuliers, les entreprises utilisant l’énergie depuis la révolution industrielle pour provoquer l’innovation et pérenniser leurs profits. Améliorer l’efficacité de notre consommation énergétique est une autre voie, qui ne dépend plus de comportement mais nécessite, par exemple, le renouvellement ou la rénovation du parc immobilier, ceci sera long. Une autre piste explorée et plus rapide à mettre en œuvre est le captage du CO2.
Cela consiste d’abord à récupérer le carbone avant son émission dans l’atmosphère souvent postcombustion mais parfois en précombustion ou par oxycombustion. Puis vient l’étape du transport avant injection dans des zones de stockage (par exemple d’anciens gisements d’énergie fossile, des fonds marins ou sous forme de minéraux). La sécurité du stockage est capitale, incitant Elon Musk à promettre un chèque de 100 millions de dollars pour la meilleure technologie de captage et de stockage. Un sujet très actuel pour l’avenir.
270 millions de tonnes de CO2 sont envoyées tous les ans dans notre atmosphère. Limiter ces emissions par captation puis stockage du carbone ne présentent pas de difficultés technologiques majeures d’après les mises en œuvre actuelles. Les obstacles se trouvent ailleurs : le coût, l’efficacité à long terme, le rejet de la population, le risque industriel. En effet, le CO2 ne sera pas toujours un déchet et sera revalorisé par l’économie circulaire (en le recombinant avec le d’hydrogène par exemple), sa zone de stockage doit donc rester accessible dans une vision de rentabilité. La fiabilité de réservoirs géologiques naturels n’est pas garantie (étanchéité incertaine, risque sismique provoquant la pollution polluant de l’eau, de l’air ou des sols). Vivre au-dessus d’une zone de stockage pourrait être rejeté par les habitants n’acceptant aucun des risques évoqués.
Enfin, avec cette technique, pourra-ton ainsi produire un baril de pétrole dont les émissions nettes (compensées) seraient proches de zéro, voire négative ? Car éliminer les émissions ne signifie pas éliminer les énergies fossiles. Les compagnies pétrolières voient cette technologie d’un bon œil et la soutiennent (d’autant que la pression d’injection du CO2 dans certains puits de pétole multiplierait par 50 leur production). Est-ce vraiment un bon signal ?