Eh oh les éoliennes !
5 avril 2022 Laisser un commentaire
Le vent est une ressource énergétique indiscutable pour nous aider à réduire la consommation des énergies fossiles. Toutefois l’éolienne n’est pas une solution sans douleur. Ainsi inclure les entreprises de ce secteur économique dans des supports à label ISR, article 8 (selon SFDR) ou leur accorder de bonnes notes ESG, c’est dire que l’on donne peu d’importance aux éléments suivants dans l’analyse du « E ».
1) Parce que le cadre de vie fait partie du bien commun, défigurer les paysages n’est pas anodin (mes quelques racines bretonnes me rendent très sensible à cet aspect, les pylônes électriques sont déjà bien laids, pas la peine d’en rajouter). Mais, ces champs ont d’autres conséquences : le bruit, les infrasons ou les effets stroboscopiques (il n’y a pas que l’homme concerné en effet), la valeur immobilière évanouie des terrains, maisons, et toutes autres habitations aux alentours (plusieurs dizaines de km²)
2) L’impact sur la biodiversité n’est pas négligeable. Pour les installations terrestres, les oiseaux happés par les pales (à comparer aux oiseaux mazoutés par les pétroliers). Bien sûr, des études pour minimiser les impacts peuvent être produites et une fois installées les éoliennes sont soumises à un suivi environnemental obligatoire afin de s’assurer de la moindre nuisibilité. Très bien, mais suivi ne signifie pas démantèlement systématique lorsque l’étude préliminaire n’est finalement pas conforme à la réalité.
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Ici, on aurait pu glisser une photo de mouette déchiquetée par une pale, votre imagination fera le reste. L’oiseau estime mal la vitesse de rotation de l’extrémité d’une pale dont un passage en un point a lieu chaque seconde. La surface balayée par les pales est de 8500 m² (pour un diamètre de 52 mètres).
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3) L’aspect recyclable de leur construction est discutable. Si le millier de tonnes de béton armé l’est après les 30 ans de services théoriques, ce n’est pas le cas des pales (en résine, fibre de verre ou fibre de carbone). Ce point devrait pouvoir s’améliorer mais en attendant les pales sont « transformées » par combustion. Combustion ? Mais alors quid des émissions de CO2 ? L’équation carbone doit être précisée sans rien omettre.
4) La répartition des champs d’éoliennes nécessite des développements d’infrastructures gigantesques pour transporter l’énergie jusqu’à son utilisateur. Ces nouveaux réseaux alourdissent le coût en termes d’impact sur la biodiversité, de la pollution, de non respect du cadre de vie et la rentabilité entre production théorique et utilisation effective en bout de chaîne.
5) Moins documentés sont les dégâts en sous-sols. Ancrées à forte profondeur, les mouvements des pales entrainent des oscillations mécaniques engendrant des vibrations qui ébranlent les sous-sols. Au Brésil, celles-ci ont créé des brèches souterraines dans laquelle l’eau de zones humides (et pour leur malheur venteuses) s’est enfuie créant de nouveaux déserts. Cet exemple illustre la nécessité d’avoir des études bien mieux élaborées qui n’évacuent aucune conséquence néfaste sous le prétexte de gain économique à court-terme.
Ces points là devraientt les éliminer de toute bonne appréciation ESG et c’est pour cela qu’aujourd’hui, en tant qu’investisseur particulier, je ne confierai pas un sou à ces OPC qui se disent propres en sélectionnant les sociétés de cette économie (après les avoir gratifiées d’une excellente note E) qui ne le sont pas (encore) à mes yeux.
En revanche, tous ces points sont à surveiller et peuvent être améliorés. Ceci est possible lorsque l’investisseur actionnaire s’engage pour accompagner l’entreprise dans un modèle plus vertueux. Ces fonds « à impacts » (article 9 SFDR) affichent leurs engagements auprès de chacune des sociétés en portefeuille. C’est sur cette base que l’on peut confier de l’épargne à ces produits dont on peut évaluer si la philosophie d’investissement est en adéquation avec ses propres valeurs environnementales. Ces fonds d’investissements sont en général fortement incarnés par l’équipe de gestion ce qui donne tout sons sens à la gestion active.
Enfin, il existe d’autres modèles d’éoliennes que les monstres cyclopes de nos terres agricoles pour exploiter le vent : les systèmes individuels qui pourraient réduire de 10 % la facture d’électricité d’une maison d’un pays développé ou des éoliennes installées sur des installations existantes (comme des pylônes électriques) ou bien encore des éoliennes verticales… Encourageons ces projets plus doux pour tous.