Vert, une nouvelle couleur de cygne
24 octobre 2022 Laisser un commentaire
Nous sommes familiarisés avec le cygne noir. C’est un événement : 1/ Imprévisible et rare, il semble être une aberration car le passé de nous a jamais donné d’exemple similaire (on ne connaissait que les cygnes blancs) 2/ il a un impact considérable quand il arrive et 3/ on arrive très bien à expliquer sa réalisation a posteriori (un des nombreux biais humains très répandu en finance et en économie). A posteriori (encore), ses conséquences dépassent son premier cadre de réalisation : par exemple, il est possible de tirer un lien entre la crise immobilière américaine en 2007/2008, devenue crise bancaire, puis crise boursière mondiale, développant une crise des dettes européennes et débouchant sur des transformations politiques majeures (hausse du populisme, Brexit, conflits…)
Le cygne vert est né au sein de la BRI (Banque des Règlements Internationaux, qui coordonne les Banques Centrales). Il bouscule le point 1/ en présentant que le changement climatique impose avec certitude la réalisation d’événements extrêmes (le 2/ reste valide, tout comme le 3/) dans les quelques dizaines d’années qui arrivent. De plus, certains de ces évènements seront non réversibles s’ils ne sont pas stoppés : la hausse du niveau de la mer modifiera les littoraux, dans d’autres zones c’est la chaleur qui les rendra inhabitables.
La BRI analyse ces risques par la voie de son mandat qu’est la stabilité financière. Ces événements vont se traduire par des pertes colossales pour toutes les institutions financières qui ne sont aujourd’hui pas capables de les supporter. C’est donc un risque de crise majeure. Deux grands types de risques financiers ont été identifiés. Le premier type de risque est physique : pertes venant de l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements climatiques extrêmes ou des changements de long terme des tendances climatiques. Le second type de risque est dit de transition : le passage rapide vers une économie faible en carbone évite les pires risques physiques mais déstabilise les politiques publiques, les évolutions technologiques, les normes sociales induisant des chocs massifs (baisse trop rapide de la valeur des ressources fossiles entrainant des ventes massives…)
Les conséquences démographiques (déplacements de populations, pandémies), économiques (transformations des habitats, coûts prohibitifs de l’assurance…) et politiques (tensions sociales, conflits) apparaissent, s’entretiennent et s’entremêlent. C’est potentiellement un choc de civilisation. Pandémie, inflation, instabilité politique, guerre, sont peut-être les premiers signes qu’une mutation est déjà enclenchée.
Sources
publications.banque-france.fr/le-cygne-vert-les-banques-centrales-lere-des-risques-climatiques